“En France : tu fais chier les gens, avec tes enfants !” La France, championne du “No Kids Friendly”

Cela fait quelques années que j’avais la sensation de devoir sans cesse jongler dans un monde pas fait pour les enfants. Dans le projet d’un futur livre, je suis partie à la rencontre (en visio, c’est plus écolo 😉) de Cool Parents qui habitent à l’étranger… À chaque interview de parents qui étaient soit étrangers vivant maintenant en France, soit des Français expatriés, j’avais toujours le même retour d’expérience, qui mot pour mot me disait “En France, tu as l’impression qu’avec tes enfants tu fais chier les gens!”

Nous avons apparemment la médaille d’or du pays le moins “kid friendly”…

Voici le témoignage de Lucile, une Cool maman qui habite à Zurich (423 000 habitants, la plus grande ville de Suisse), mère de 2 enfants qui ont aujourd’hui 3 ans et 8 ans, et qui reviennent souvent en France pour passer les vacances…

La mentalité française du “No Kids Friendly”… Le contre-exemple suisse

« Ici, je suis beaucoup moins crispée par le regard des autres qu’en France. La fois dernière quand j’étais en Provence, cela a été un choc car je n’ai plus l’habitude. On était au musée d’Aix-en-provence, les garçons étaient supers, ils étaient intéressés par les toiles, et à un moment notre fils a couru pour nous rejoindre, et là le gardien est tout de suite intervenu : “On n’a pas le droit de courir”. Mon mari a pris notre fils sur les épaules et idem le gardien lui a dit que l’on n’avait pas le droit, c’était trop dangereux. C’est comme si on considérait que l’enfant était toléré dans le musée au lieu de vouloir faire l’inverse, et qu’il se sente bienvenue, et que l’on fasse en sorte qu’au contraire les enfants adorent l’expérience qu’ils ont eu au musée.

Ensuite, on était dans la boutique de souvenirs, mon fils s’est avancé pour regarder l’étalage, sans voir qu’il passait devant une dame qui regardait des flyers juste à côté. Elle lui a jeté un regard noir, on avait l’impression de la déranger dans sa vieillesse. Pareil quand on est rentré dans une boutique, la vendeuse lui a dit de ne pas toucher. Mais pourquoi elle part du principe qu’il va casser un truc ? Pourquoi il n’aurait pas le droit de toucher ?

Après on est allé dîner au resto, on s’installe, et le serveur enlève directement les verres à vin placés sur les tables, et les remplace par des verres à eau, mon fils lui demande s’il peut plutôt le garder. Et cela, s’est transformé en négociation avec le serveur qui lui a fait promettre de ne pas le casser. 5 minutes plus tard, un autre serveur arrive pour encore remplacer le verre ! Quel pataquès et complication pour un verre Ikea à 3€ !

Même dans la rue en France, je me sens obligée de dire aux enfants de rester près de moi. Sans parler de la galère du métro à Paris quand tu as des enfants. À Zurich, je n’ai pas du tout cette sensation de danger immédiat avec la circulation. En fait en France, c’est comme si je devais tout le temps tenir mes enfants, l’environnement n’est pas fait pour être zen. Comme si c’était sans cesse à l’enfant de s’adapter (au musée, au resto, dans la rue, etc.), c’est “la loi de la domination de l’adulte sur l‘enfant”. Il faut que les enfants soient sages, qu’ils ne bougent pas, et là on les adore !

Et les rares lieux qui sont faits pour eux sont d’une pauvreté inouïe. La dernière fois où nous sommes allés à Paris, nous nous sommes retrouvés dans un petit square avec un malheureux toboggan, c’est à mourir d’ennui. Ici il y a beaucoup d’aires de jeux, bien plus cool et bien plus nombreuses. Rien qu’à côté de chez moi je peux aller à une dizaine d’aires de jeux à pied, il y en a dans chaque cour d’immeuble. Il y a même une aire que les enfants adorent car ils peuvent eux-même fabriquer l’aire de jeux. Il y a un atelier tenu par des bénévoles, où ils peuvent prendre des scies, marteaux, clous, ils disposent de planches, fabriquent des escaliers. Ce serait considéré comme hyper dangereux par les mamans américaines, mais ici on considère que plus on fait confiance et on responsabilise l’enfant plus il fait attention (jamais on lui refuserait un verre au restaurant). Les enfants sont du coup très dégourdis. 

Après 10 jours de vacances en France, c’était trop pour moi. “On se casse on rentre à la maison” J’avais eu l’impression d’avoir des successions de micro agressions, que je pense que les parents français ne voient même plus. Ce n’était pas agréable, j’étais constamment sur mes gardes, j’avais l’impression de faire chier les gens avec mes enfants, alors que pourtant ce sont des enfants normaux, je dirais même qu’ils sont plutôt sages. Même dans le train les enfants jouaient aux cartes, et on a avait l’impression de déranger, alors que derrière une dame a passé un coup de fil haut et fort et personne ne lui a fait une remarque. 

Cette sensation de devoir m’excuser d’avoir des gosses, pour moi c’est une vision égocentrique et absurde. Tu ne sais pas si cet enfant que tu as du mal à tolérer, cela ne va pas être celui qui va s’occuper de toi quand tu sera vieux. Je ne suis pas d’accord avec ce discours “tu as voulu ces gosses, tu te démerdes”, non, ces enfants ils sont aussi là pour notre bien-être à tous, pour le futur de notre société, ils doivent avoir leur place un peu partout, et tout le monde a un certain degré de responsabilité. »

Ce n’est ni toi, ni ton enfant, le problème.

Alors je voulais que tu saches que si parfois toi aussi tu as l’impression de faire chier les gens avec ton enfant : ce n’est ni toi, ni ton enfant, le problème… bien souvent, non seulement on n’accepte pas que notre enfant soit “un enfant”.. mais en plus, on lui demande de s’adapter à un environnement qui n’a pas été conçu pour lui (mais bien pour les adultes…) au lieu de concevoir l’environnement en tenant compte des enfants ainsi que nous. 

Par exemple, en Suisse, les lieux publics prévoient des aménagements pour les enfants, au restaurant on t’apporte des coloriages, au musée il y a par exemple des petites chasses au trésor et à la fin ils ont droit à un chocolat. Dans le train, il y a un wagon spécial enfant, sans siège, mais avec des jeux et un toboggan pour les enfants. Le contrôleur passe et donne aux enfants un faux billet qu’il poinçonne, et ils sont trop contents. Au supermarché il y a des petites voitures pour enfant accrochées au caddie (et il y a même des doubles pour les jumeaux ou les fratries !) et il y a même parfois une fausse caisse pour enfant à côté de la vraie caisse, et pendant que tu fais la queue l’enfant peut s’asseoir et faire semblant de scanner les articles avec une fausse scannette. 

Les gens ne vont pas te juger si ton enfant fait une crise, ils vont davantage être dans l’empathie et parfois te glisser un petit “oh ça va passer !”.

Les gens préfèrent des enfants vivants que inhibés, alors qu’en France, on tolère les enfants que lorsqu’ils sont sages, qu’ils se comportent comme des adultes éteints.. Éteints de vie. Éteints de joie… On ne saute pas, on ne chante pas, on ne s’exclame pas, on ne s’excite pas, on ne s’enthousiasme pas…

Élever un enfant dans un monde qui n’accepte pas qu’il est “un enfant”, c’est compliqué, alors on fait comment ?

Donc oui, élever un enfant dans un monde qui n’accepte pas qu’il soit un enfant… c’est compliqué, et sache que l’on est de tout cœur à tes côtés. 

Et d’ailleurs en ce début d’année, on a prévu d’être concrètement à tes côtés le dimanche 12//01, on l’on t’offre une conférence pour démarrer 2025 tous ensemble ! 

Si tu as parfois l’impression “de ne pas y arriver”, d’être épuisé de cette vie à 100 000 à l’heure (et on te comprend) à quoi s’ajoute en plus parfois les tensions avec notre enfant ou notre ado (voire peut-être aussi le ou la conjointe…)  => surtout ne loupe pas cette conférence qui te sera d’un grand soutien pour aller en 2025 vers un quotidien avec plus de douceur. 

Déposer / Voir les commentaires