Combien de fois est-on tenté, quand notre enfant fait une bêtise, de lui faire dire « pardon » ? Et c’est tout naturel : on veut simplement que notre enfant comprenne les dégâts occasionnés, les répare ou ressente de l’empathie s’il a blessé un camarade.
Mais est-ce en le forçant à dire le mot « Pardon » que l’on arrive à nos fins ?
Si notre enfant demande « Pardon » parce qu’il y est forcé ou se sent menacé (« Si tu ne demandes pas pardon, je t’envoie au coin »), c’est comme le forcer à dire bonjour de façon machinale, mais sans aucun sentiment de bienveillance à l’égard de l’autre : cela peut nous donner, à nous parents, l’impression d’avoir « fait le job », mais est-ce que cela a du sens ?
Alors comment amener notre enfant à prendre conscience de ce que ressent l’autre ?
Imaginez que vous avez un(e) copin(e) au téléphone, vous prévoyez de prendre un café ensemble demain, et votre troisième copin(e) apprenant cela le prend hyper mal que vous ne lui ayez pas proposé. On peut être désolée de lui avoir fait de la peine, surtout que c’est juste que l’on n’a pas pensé à lui proposer, trop pris dans le quotidien. On peut alors lui dire que l’on est désolée, et tenter de prévoir un autre café avec elle pour se rattraper. Néanmoins, ce n’est pas parce que l’on est désolé pour l’autre que l’on doit culpabiliser de la tristesse ou de la colère de l’autre. Car n’oublions pas, chacun de nous est responsable de ses émotions, une autre personne aurait pu ne PAS se sentir attristée et comprendre que c’était un concours de circonstances.
Mais si elle vous dit « C’est hyper abusé d’avoir prévu un café sans mois ! Vous pourriez vous excuser ! », vous vous sentez accusée, vous n’avez pas vraiment envie de vous excuser, ou de rentrer en empathie avec votre amie, et vous essayez de vous justifier…
Plus nous les accusons moins nous l’incitons à demander pardon
Pour nos enfants, comme pour nous, se sentir accusé ou rabaissé ne nous met pas dans de bonnes dispositions pour rentrer en empathie avec l’autre. Nous nous braquons, nous nous mettons dans une posture défensive et tendons à la mauvaise foi.
Avec notre enfant, c’est également en exprimant notre déception “Je suis dégoutée que tu aies utilisé mon rouge à lèvre, maintenant il est tout abîmé !” plutôt que notre colère “Ça va pas non !? Tu t’excuses tout de suite !” que nous l’inviterons à comprendre ce que l’on ressent.
Dans la première phrase, on exprime notre ressenti, ce qui lui permet par effet miroir de comprendre notre état (empathie). Dans l’autre, on l’accuse et on part du principe qu’il a fait exprès, en connaissance de cause. En lui ordonnant de s’excuser, cela l’éloigne d’un pardon sincère, puisque qu’alors s’excuser reviendrait pour lui, à simplement se soumettre à ce qu’on lui demande de faire, ce qui ne donne pas franchement envie ! Et quand on est en colère parce que quelqu’un cherche à nous rabaisser, on n’est vraiment pas dans de bonnes dispositions pour faire preuve d’empathie et de connexion à l’autre.
Bref, on s’embourbe…
D’après mon expérience, ça se passe finalement beaucoup mieux quand on choisit de ne pas les gronder.
Il y a quelques jours, Joy et Léon étaient surexcités et ont improvisé une bataille de polochons sur le canapé. En tapant Léon un peu fort, Joy l’a fait tomber par terre.
CONFÉRENCE INÉDITE
🚨 DIMANCHE 12 JANVIER !
Plutôt que de monter sur mes grands chevaux en criant sur Joy, style « Mais enfin Joy ! Regarde ce que tu as fait ! Je t’avais dit de faire attention !! » ce qui l’aurait à coup sûr braquée, je me suis éloignée un instant, le temps que Joy se retrouve seule face à cette situation, et ces quelques secondes lui ont permis de rentrer en empathie avec son frère et d’aller d’elle-même le câliner et le consoler. Je ne me souviens pas qu’elle ait prononcé le mot « pardon », mais tout dans son comportement visait à s’excuser et à faire en sorte que son frère aille mieux. Et finalement, n’est-ce pas cela qui importe ?
Laissons un peu de temps à l’enfant pour demander pardon.
Lui laisser le temps de « digérer » ses propres émotions, pour ensuite comprendre celles de l’autre. On veut souvent obtenir un pardon immédiat (surtout en public, n’est-ce pas ?), mais parfois mieux vaut revenir sur le sujet un peu plus tard pour en reparler et l’inciter à comprendre que ce que l’autre a pu ressentir, on peut alors être désolé, le dire à l’autre, sans forcément être responsable 100%.
Incitons nos enfants à réparer leurs erreurs !
Parfois, plus qu’un pardon, un petit geste d’affection, d’humour ou d’attention envers l’autre est aussi une bonne idée pour montrer à l’autre que l’on est désolé. C’est ensuite à L’AUTRE de pardonner, de comprendre que comme tout être humain, on fait des erreurs, on n’agit pas toujours de la façon dont on aimerait. Car mieux vaut éviter de rentrer dans un rapport de force où parce que l’autre a fait une erreur, on le rabaisse devant les autres, ou on lui dit ce qu’il doit faire pour se faire pardonner.
Savoir pardonner à nos enfants
Tout peut être pardonné, surtout à notre enfant… A-t-on envie d’être dans cette situation où l’on a reconnu son erreur, où l’on a fait son possible pour la réparer et où l’autre continue à vous en vouloir ? Surtout si l’autre personne pour l’enfant est son parent: la personne la plus importante de sa vie ! Ne pas pardonner impacte autant celui qui culpabilise que celui qui garde cette colère en lui et qui refuse de pardonner. Pardonner à son enfant, ce n’est pas toujours facile, mais c’est un beau challenge pour nous parent, et un bel exemple pour notre enfant 🙂
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Bonsoir,
Cela m’amène a une autre question : Faire penser à l’enfant que l’adulte pense comme un enfant ( en effet un adulte peut faire la part des choses et comprendre quand un enfant fait des choses d’enfant sans y projeter plus ou penser qu’on ne l’aime plus, comme un enfant le ferait) est il une démarche volontaire de votre part?
Bien a vous et merci pour votre articles
“Le problème maintenant c’est que ta nounou va rentrer chez elle très triste ce soir. Elle va penser que tu ne l’aimes pas. Elle n’aura peut-être plus envie de venir vous garder demain.”
Je suis pas sûr que culpabiliser l’enfant sur la peine que pourrait ressentir sa nounou soit beaucoup plus intelligent (dans le sens premier du terme, compréhensif) que de lui faire dire un pardon même non assumé à tout prix.
Bonjour “veilleur”,
Merci beaucoup de votre message, en effet la question n ‘est pas simple ! Mon objectif dans cette phrase est plus de l’exercer à comprendre l’autre, et là où l objectif est encore plus grand c’est d’arriver à comprendre l’autre (par exemple je comprend que mon amie est en colère car je ne peux pas venir à son anniversaire) sans pour autant culpabiliser si mon intention n”était pas négative (elle est responsable aussi de sa colère – mon intention était de privilégier le dîner avec mon grand-père – mais je la comprend), mais ceci est un débat qui mérite un autre article 🙂 . Charlotte