Mais c’est quoi, la figure d’attachement ?
Imaginez. On vient récupérer notre enfant à la crèche et tout à coup, c’est le drame. Bébé a été un AMOUR toute la journée avec Papy-Mamy, et il se met à crier dès qu’on entre dans la pièce. Bravo ! Bienvenue dans le monde de la figure d’attachement !
C’est déconcertant, certes, mais tout à fait normal !
Au programme de cet article : |
La figure d’attachement ou comment remplir le réservoir affectif de bébé ?
À l’origine, la théorie de l’attachement
Fin des années 1970, le psychiatre et psychothérapeute John Bowlby a modélisé la théorie de l’attachement. Encore méconnue en France, elle vient poser l’attachement affectif comme un besoin fondamental inné de l’enfant au même titre que les besoins physiologiques (manger, dormir, etc.). En fait, l’attachement va se créer par une réponse appropriée et répétée aux besoins émotionnels de bébé afin de lui permettre de se sentir en sécurité.
Selon Bowlby, pendant les 9 premiers mois de sa vie, Bébé va développer un lien particulier avec sa figure d’attachement principale. Il s’agit de la personne qui va prendre soin de lui en priorité et de manière privilégiée, avec des réponses rapides, constantes et adaptées. Ce lien lui permettra de grandir et de construire son intelligence. C’est souvent la maman qui prend ce rôle, mais ça n’a rien d’automatique. Plus le lien est nourri, plus l’enfant peut développer ses compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles. Ensuite, Bébé développe des figures d’attachement secondaires, par exemple avec le papa (ou l’autre parent), la nounou, etc.
Enfin, c’est la théorie de Bowlby… Chez CPMHK, notre expérience aurait tendance à nous montrer que l’enfant peut avoir plusieurs figures d’attachement.
Le besoin d’attachement, un réflexe de survie normal
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Et tout cela est bien normal ! Rappelons-nous que l’Humain est un mammifère. À ce titre, nous sommes simplement programmés pour trouver une réponse rapide afin d’assurer notre survie. Dans la nature, si un Petit a besoin de sécurité face à un danger, il est urgent de ne pas hésiter avant de trouver vers qui se tourner.
Notons que la figure d’attachement n’a rien à voir avec l’amour. C’est un repère, une base-arrière. Un porte-avion sur lequel l’enfant va pouvoir se poser pour se retrouver en sécurité, se recharger en carburant (émotionnellement), et retourner “réparé” explorer le monde.
À travers cette théorie, on comprend que les caprices ou le “cinéma” sont en fait des débordements d’émotions dus au besoin de l’enfant de trouver une réponse à un inconfort (faim, froid, sensation désagréable…). Sa colère s’exprime face à cette non-réponse de la figure d’attachement, et à l’impossibilité de combler lui-même son besoin.
Pourquoi un comportement différent avec la figure d’attachement ?
On l’a bien compris, la figure d’attachement est la personne référente qui apporte confiance et sécurité à l’enfant (et parfois l’enfant en a plusieurs). C’est elle qui va lui permettre de décharger les stress et émotions de la journée. Bref, nous sommes la personne avec qui il se sent le plus en sécurité, et auprès de laquelle il peut exprimer ses peurs, ses tensions accumulées et sa colère.
Comme dans la nature, il est sage de ne montrer ses faiblesses que lorsqu’on est en sécurité. Vous imaginez ? Il serait trop dangereux de se dévoiler.
En bref, c’est une bonne chose si bébé est plus difficile avec nous ! (Mais on est d’accord, c’est parfois épuisant !)
Quand l’enfant s’en prend à nous, qu’il explose pour ce qui nous paraît être un rien, il cherche seulement à ce que nous puissions l’aider à sortir sa colère, accepter et comprendre son émotion… Il n’attend pas nécessairement une réponse, mais des bras pour le rassurer, une oreille pour l’entendre.
Soyons clairs, tout cela est inconscient ! L’enfant ne comprend pas ce qui lui arrive. OK, j’avoue que moi aussi, j’ai du mal à me rappeler que quand mon Loulou “me” tape une crise, c’est que je suis sa figure d’attachement !
S’attacher pour mieux se détacher
Autrement dit, plus la figure d’attachement est forte, plus l’enfant gagne en autonomie. Contrairement à ce que certains affirment, remplir le réservoir émotionnel de bébé ne le rend pas dépendant. Bien au contraire. (Ce qui le rend dépendant, est davantage une relation fusionnelle où le parent a peur de le laisser). Un enfant de deux ans ne peut pas gérer seul ses émotions. C’est à travers le lien à l’adulte qu’il va pouvoir les voir, les accepter et les comprendre. C’est ce que certains parents cherchent à développer à travers le maternage proximal.
Plus le parent ou le référent pourra le guider, plus l’enfant pourra cheminer à accepter ses émotions, les décrypter et les surmonter.
Aussi, si les réponses de la figure d’attachement sont aléatoires, lorsqu’il y a incertitude, il arrive que l’enfant maximise ses demandes voire exprime sa colère face à une réponse inadaptée. En clair, moins on est disponible, plus il est collant.
Le coup de téléphone
Vous avez remarqué cette incroyable impossibilité de passer un coup de fil sans être interrompu.e ? Ça fait 20 minutes que notre Mini joue sagement dans sa chambre, on se décide enfin à appeler une copine et Paf… Loulou a besoin de nous, là, tout de suite ! Bingo. Vous l’avez compris, là aussi, c’est un réflexe lié à la figure d’attachement. “Maman/Papa, je vois que tu n’es pas disponible. J’ai besoin de vérifier que je suis toujours important.e à tes yeux.” Alors, essayons de prendre quelques minutes avant de décrocher le téléphone pour recharger le réservoir d’amour.
Le moment du coucher
Cela a aussi éclairé certains couchers de mon fils. Tout semblait aller bien. Repas, petit rituel, histoire, extinction des feux… et EXPLOSION ! Mais que se passe-t-il ? Pourquoi toujours moi ? Pourquoi maintenant ? En fait, depuis la crèche, nous avons enchaîné les étapes (retour, bain, cuisine, repas… ) et nous n’avons finalement pas eu un VRAI temps ensemble. Le réservoir d’amour n’est pas vraiment rempli et ce moment de contact au moment du coucher vient libérer les tensions.
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Concrètement, comment répondre au besoin d’attachement ?
Tout se passait bien jusqu’à ce qu’on rentre dans la pièce. Et tout à coup, notre enfant se transforme en monstre ! Coup de décharge émotionnelle.
Ce n’est pas CONTRE nous, c’est GRÂCE à nous !
Et oui, on respire un grand coup et on pense à la théorie de l’attachement. C’est parce que Bébé a confiance en nous qu’il peut décharger son stress. Alors, exit les commentaires de Belle-Maman (ou autre, je n’ai rien contre la mienne ) “Avec moi, ça se passait très bien !” Normal, c’est qu’il sait que nous l’aimons inconditionnellement ! (Mais parfois, c’est quand même fatigant !)
Le Caregiving, ou remplir le réservoir d’amour
Une fois qu’on a compris que ce n’était pas contre nous (vous pouvez aussi aller creuser du côté de l’enfant intérieur), l’accompagner sera plus “facile”, même si ce n’est pas toujours évident !
- accueillir les émotions de notre enfant avec bienveillance et empathie en l’aidant à les nommer : « je vois que tu es triste / en colère / vexé… » ;
- lui faire un gros câlin pour lui permettre de retrouver son calme. Chimiquement, dans le cerveau, on ramène de l’ocytocine, l’hormone de l’amour et du calme, en remplacement de l’adrénaline et du cortisol, sécrétées par le stress ;
- l’aider à trouver lui-même une solution. Bien sûr, on ne va pas non plus lui dire d’aller faire son biberon tout seul.
Vous pouvez aussi retrouver notre super article sur la magie de l’écoute active.
La théorie de l’attachement trouve un écho à travers les éclairages apportés par les neurosciences.
En « préventif », prendre un temps de qualité
Quand l’enfant explose, c’est peut-être que le réservoir d’amour a besoin d’être rempli… parce qu’une émotion a été trop forte, parce que quelque chose l’a chamboulé dans sa journée, ou simplement parce que c’est le moment de passer à la pompe… Les enfants n’ont pas de témoin de réserve lumineux… ou plutôt, c’est à nous d’apprendre à les décoder : cela dépend des moments et des enfants : chez mes Loulous, j’ai repéré le fait qu’ils râlent pour un rien / les bêtises / les interruptions / les chamailleries… Bref, rappelez-vous : la panne d’essence n’arrive pas toujours quand on a le temps !
Du coup, vous l’avez compris, plus on passe du temps de qualité avec notre enfant, plus on remplit son réservoir d’affection. Ce qui, j’en conviens, n’est pas toujours facile, car nous aussi nous avons besoin parfois de repos ! Voici quelques idées pour anticiper :
- S’arrêter au parc après la crèche ou l’école peut être une bonne idée, si l’on joue avec Loulou.
- J’adore aussi le conseil de Charlotte avec le Jeu du Géant, que ma fille de 6 ans me réclame encore régulièrement. On se met sur le lit et on se défie. « Petite puce minuscule, tu ne crois pas que tu peux me renverser, quand même. »
- Jouer à la bagarre avec Papa, ou Maman d’ailleurs peut aussi être une belle occasion d’être en lien physique et émotionnel, tout en étant dans le jeu.
Pas besoin d’être parfait pour créer l’attachement
Bref, on l’aura compris, les figures d’attachement participent au développement de l’enfant que ce soit au niveau social, émotionnel ou cognitif. Et ce lien se crée par une attention prévisible, constante et régulière. Alors, réservons-nous le droit de NE PAS écouter les bons vieux conseils « laisse-le pleurer, tu vas en faire une chiffe molle » ! Cependant, on ne sera jamais disponible 100% pour notre enfant ! Pas de pression, un parent parfait, ça n’existe pas ! Et nous aussi, on a nos émotions, et le droit d’être fatigué ou peu disponible. On essaiera juste de leur expliquer ce qui nous arrive, pour que l’enfant sache qu’il n’y est pour rien. Et vous verrez, c’est incroyable comme ils ont envie de nous aider : “Tu sais, je suis très fatiguée ce soir. Je te propose de prendre un moment pour construire une tour, et ensuite je vais faire le repas, ok ?”… C’est pour ça que des Cool parents font des happy kids… Tiens, ça me dit quelque chose ?!
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Des livres pour aller plus loin
- L’attachement, un lien vital, de Nicole Guedeney
Bonjour, et merci pour ce super article qui explique parfaitement bien ce qu’est la figure d’attachement et les raisons pour lesquelles les enfants ne ses comportent pas de la même manière avec nous et avec les autres. J’ai deux jeunes enfants et avec Samuel, notre aîné, la transition entre l’école et la maison le soir était souvent très compliquée. Tout le monde et fatigué, et c’était tous les soirs un moment difficile à vivre pour toute la famille. Depuis que je prends le temps de remplir son réservoir émotionnel tout se passe beaucoup mieux! Ils ont tellement besoin de notre amour et d’attention. Tout comme nous finalement! Il suffit parfois de pas grand chose. 15 minutes de jeu ou de tendresse et c’est reparti pour retrouver du calme et de la sérénité.