L’angoisse de la séparation est une étape à laquelle la majorité des parents doivent faire face. Notre bébé de 8 mois pleure dès que l’on disparaît de son champ de vision ? Ou notre petite fille de 2 ans s’agrippe à nous en hurlant quand on la dépose à la crèche ? Notre enfant est inconsolable à l’arrivée à l’école ? Oui, la séparation peut être inquiétante voire douloureuse pour nos petits, et cette angoisse difficile à gérer pour les parents ! On est souvent désarmés devant leurs larmes et on ne sait pas vraiment comment réagir.
Alors, comment aider notre enfant à surmonter cette angoisse ? Comment l’accompagner pour qu’il se sente en sécurité, même en notre absence ?
Je laisse la parole à mon amie Caroline, maman d’Arthur, 3 ans et demi, et de Tristan, 22 mois.
Angoisse de la séparation, une étape normale du développement de l’enfant
Lorsque, il y a quelques mois, mon petit garçon de 3 ans a commencé à dire qu’il ne voulait plus aller à l’école, j’ai cru que ce serait passager. Jusqu’ici, cela s’était toujours très bien passé. J’ai essayé de le motiver : « Tu vas retrouver tes copains et puis, à l’école, on apprend plein de choses passionnantes ! ». Sans succès : chaque matin, je le sentais anxieux et il pleurait et répétait qu’il voulait rester à la maison.
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Puis sont arrivées les vacances et là, nouvelle opposition de mon petit homme : il ne voulait pas aller chez ses grands-parents. Pourquoi ce soudain revirement ? Etait-ce l’angoisse de séparation qui pointait son nez ?
Quand je demandais à mon fils pourquoi il ne voulait plus aller à l’école, la réponse était, à vrai dire, plutôt floue. Elle variait d’un jour à l’autre : un jour, c’était les maîtresses qui n’étaient pas gentilles, le lendemain les camarades, le jour suivant le bruit qui le dérangeait… Idem pour les grands-parents, difficile d’identifier une raison précise. Pourtant, Arthur ne nous avait pas ‘habitué’ à des séparations difficiles.
Après m’être assurée auprès des maîtresses qu’il n’y avait pas de problème particulier à l’école (un camarade qui l’aurait pris en grippe par exemple), j’ai fini par comprendre que c’était bien la fameuse ‘angoisse de séparation’ qui lui pesait. Peut-être parce que son petit frère, lui, restait à la maison, il se sentait mis à l’écart et avait besoin d’être rassuré.
Accueillir ses émotions sans le juger
L’angoisse face à la séparation peut survenir à des âges différents. On parle de la « crise des 8 mois », l’âge vers lequel le bébé prend conscience qu’il est une personne à part entière, où il ne veut plus quitter sa mère et/ou son père et a peur des nouveaux visages. Mais cette étape de ‘crise de séparation’ peut être difficile à 18 mois, à 2 ans, à 3 ans, ou même à 5 ans ! Quel que soit son âge, et quelles qu’en soient les raisons, on a tout intérêt à laisser son enfant exprimer son émotion et ses craintes, car elles sont légitimes. Ce n’est pas en niant son anxiété ou en lui reprochant sa peur ou ses pleurs qu’on pourra l’aider.
Personnellement, j’ai vite arrêté d’essayer de convaincre mon fils que l’école était formidable, ou qu’il allait s’éclater chez ses grands-parents. Plus j’essayais de le convaincre, moins il se sentait compris, et moins cela l’aidait à surmonter ses craintes… J’ai réalisé que je l’aidais plus en lui disant simplement « Je comprends que tu sois triste, car ça n’est pas toujours facile de se séparer, même pour quelques heures ».
S’il ne parle pas encore, ou mal, on peut l’aider à formuler sa souffrance en posant des questions : « Tu es malheureux car nous n’allons pas passer la journée ensemble ? », « Tu as peur que je ne vienne pas te chercher après l’école ? ». (Voir aussi la magie de l’écoute active)
Mais, une fois l’émotion verbalisée, peut-on réellement l’atténuer ? Bien entendu, il n’y a pas de recette miracle, mais il me semble qu’avec quelques « astuces », on peut rendre les choses plus douces…
Y aller progressivement, quand c’est possible !
Qu’on le mette pour la première fois chez une assistante maternelle, à la crèche ou à l’école, il y a généralement une période d’adaptation, qui permet à l’enfant de prendre ses marques, jusqu’à ce qu’il soit assez à l’aise pour y rester des journées complètes. Si cette période d’adaptation ne suffit pas, pourquoi ne pas essayer de la prolonger un peu ?
Dans notre cas, le refus d’Arthur d’aller à l’école est intervenu plusieurs semaines après la rentrée, nous ne pouvions donc pas revenir en arrière…. Par contre, pour ce qui est du séjour chez les grands-parents, nous avons choisi de ne pas forcer. Nous ne voulions pas que cela devienne pour lui une contrainte ou une « punition » ! Nous avons donc attendu les vacances suivantes pour le lui proposer à nouveau, pour une courte durée. Il a accepté, il y est resté 3 jours et cela s’est super bien passé. Comme quoi avec les enfants, rien n’est jamais gravé dans le marbre ☺
Lorsque cela est possible, il peut être intéressant de se demander si la séparation est vraiment indispensable, à condition d’avoir une solution de repli, bien entendu.
Mais alors, quand elle est inévitable, comment la faciliter ?
Avant la séparation : préparer, prévenir, expliquer !
Derrière la peur de la séparation se cache souvent la peur de l’abandon. Donc, mieux vaut préparer le terrain.
Une séparation, cela se prépare avant même de l’envisager…
Voilà pourquoi les bébés adorent jouer à coucou-caché ! Comme la plupart des jeux que les enfants font naturellement, il y a un apprentissage caché derrière. Les psys le préconisent : abusons des parties de cache-cache ! Selon l’âge de notre enfant et ses préférences, on choisira une vraie ou une « fausse » cachette : derrière nos mains, derrière un coussin ou encore derrière un rideau. Le plus drôle étant d’ailleurs souvent lorsque c’est lui qui se cache et que c’est à nous de le trouver !
Annoncer notre départ et préparer les retrouvailles
Si notre enfant est en pleine période de troubles de séparation, évitons de partir sur la pointe des pieds alors qu’il dort ou qu’il ne nous regarde pas. Cela ne ferait que confirmer sa crainte que nous pouvons disparaitre à tout moment.
On a tous fait cette erreur un jour pour, ensuite, s’en mordre les doigts ! Cela accentue leur angoisse, car nos petits ont besoin de se préparer psychologiquement à la séparation. Quand le leur dire ? En fait le mieux est de faire fonction de notre enfant et de la situation. Par exemple, chez nous, quand on sort pour la soirée on prévient le matin, si c’est pour quelques jours on prévient 5 jours avant et, pour une longue séparation (ou un changement de nounou) au minimum plusieurs semaines à l’avance. A chacun de voir ce qui lui convient !
- Évitons également de leur annoncer qu’on s’en va à la dernière minute.
- Si quelqu’un vient les garder à la maison, essayons de prévoir 10-15 minutes de battement pour qu’il apprivoise l’idée de notre départ.
- Idem si on le laisse chez un copain ou grand-parent, évitons de le “jeter” pour filer à notre rendez-vous.
Et évidemment LE truc qui jouera en notre faveur, c’est si la personne qui les garde est championne de rigolade et de jeux ! En général cela passe mieux ☺
Créer de la sécurité avant le sommeil
L’endormissement est souvent un moment de séparation difficile et il n’est pas toujours facile de rassurer notre tout-petit. Mais pensons à lui montrer notre confiance en sa capacité à s’endormir seul, et à le rassurer. Voir aussi Comment endormir bébé ? Les astuces ont sauvé mes nuits
D’ailleurs, pour aller plus loin, et gérer les premières années avec bébé avec plus de sérénité , je vous propose de recevoir (gratuitement) le “PACK spécial bébé” : avec tous nos conseils pour gérer les premières séparations, colères, interdits, etc. ! Quelques pleurs et stress en moins, cela fait du bien .
Je t’aime toujours où que tu sois…
Bien entendu, il est utile de les rassurer souvent sur notre amour pour eux. Il y a une phrase que m’a soufflée un jour une psychothérapeute que j’allais voir car mon bébé Tristan, le petit frère d’Arthur, 6 mois à l’époque, avait du mal à s’endormir seul « Je continue à t’aimer quand tu dors ». Depuis, je la répète tous les jours à mes deux enfants, avec des déclinaisons : « Je continue à t’aimer quand je ne te vois pas », « Je t’aime tout le temps, même quand tu es à l’école », etc !
Pendant la séparation, doudou et téléphone sont nos meilleurs alliés !
Que les parents vivent ensemble ou non, essayons de garder à portée de main le fameux objet transitionnel : un doudou, ou tout autre objet qui le réconforter et qui lui rappelle notre présence. On peut lui laisser un T-shirt avec lequel on a dormi (oui oui, même bien sale, plus il sent notre odeur, plus il rassurera notre enfant !), ou n’importe quel autre objet, soyons inventifs ! Pour le premier séjour d’Arthur chez ses grands-parents, je lui avais aussi préparé un petit album photo, avec des photos de nous et de sa famille proche… mais attention, ça n’est pas toujours une bonne idée car pour certains enfants, cela peut avoir l’effet inverse et les faire pleurer. Tout comme le téléphone et autres conversations ‘live’ : cela peut les angoisser car ils ne comprennent pas toujours cette présence « virtuelle ». Et d’expérience, à privilégier en journée, et à bannir au moment du coucher sous peine que ca parte en cacahuète.
Mieux vaut alors donner comme consigne à la personne qui s’en occupe de lui parler de nous, de lui rappeler qu’on l’aime et qu’il nous retrouvera bientôt ☺.
Quelques livres à partager autour de la peur de la séparation
Petits ou grands, n’hésitons pas à lire des histoires sur le thème de la séparation et des retrouvailles, et en parler avec eux.
- A ce soir ! ou Au revoir ! de Jeanne Ashbé (pour les plus petits),
- Quand les parents sortent de Catherine Dolto,
- Bébés chouettes de Martin Waddell et Patrick Benson.
- ou encore les « classiques » : Tchoupi rentre à l’école, Petit Ours Brun en vacances chez ses grands-parents par exemple, avec des personnages auquel les enfants s’attachent et s’identifient.
Et maintenant, si on arrêtait de culpabiliser ?
Il se peut qu’en prenant des précautions, la séparation se passe en douceur… mais il se peut aussi que cela ne marche pas ! Chaque enfant est différent face à cette angoisse de l’abandon et encore une fois, s’il existait des solutions toutes faites, cela se saurait ! Essayons donc de ne pas culpabiliser s’il continue à pleurer, nous ne ferions que transmettre notre inquiétude à notre enfant. Car finalement, le meilleur moyen d’aider notre petit à surmonter l’angoisse de la séparation ne serait-il pas de rester sereins quand on s’éloigne, et ainsi lui prouver notre confiance dans sa capacité à avancer sans nous tenir la main ?
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Bonjour,
Ma fille de 8 mois va à la crèche depuis 2 mois. Elle ne pleure pas du tout lorsque je la dépose mais commence à pleurer dès que le personnel la pose et ils n’arrivent plus à la calmer; En général elle pleure jusqu’à ce que je la récupère ou qu’elle s’endorme d’épuisement. Lorsqu’elle me voit ses pleurs s’arrêtent net. Vendredi la crèche nous a annoncé ne plus vouloir la garder à partir de septembre. Cela a été un choc pour moi car pas facile de trouver un mode de garde compatible avec notre budget. De plus je ne suis pas certaine que le changement l’aide à aller mieux. Nous avons essayé plusieurs choses pour l’aider mais rien ne fonctionne, auriez-vous des pistes?
Bonjour, notre fils de 4ans et demi pleure aussi quand on le dépose à l’école. On a tout essayé, les discussions, lui rappeler qu’on l’aime etc…Il a une petite sœur de 3mois et avec la situation du Covid, ça n’aide pas car on est obligé de le déposer en kiss& ride le matin. Tout va bien jusqu’à ce que la porte de la voiture s’ouvre…il est très fusionnel avec moi, sa maman. On a tout essayé y compris le planning pour l’aider, les innombrables discussions et lui-même qui propose une solution pour éviter cette situation etc….Avez-vous des idées, on ne sait plus quoi faire pour l’aider à passer ce cap…
Bonjour Maya, je comprends que ce ne soit pas facile à vivre, mais il faut peut-être juste accepter qu’il a besoin de décharger cette émotion quand il se sépare de vous le matin, en ce moment. Tant que vous êtes rassurée sur le fait que ça ne dure pas, que c’est juste le temps de vous dire aurevoir. Il a surement toutes les ressources pour passer à autre chose une fois dans sa classe. Pour vous mieux le vivre, vous pouvez donc l’imaginer riant aux éclats avec ses copains de classe 15 min plus tard en faisant de la peinture ?
Merci pour ce bel article et les précieux conseils de coco79. ?
Un des passages de l’article (concernant le fait d’aimer son enfant même quand il dort, même quand on ne le voit pas…) me fait penser au poétique album de jeunesse “Mon amour” d’Astrid Desbordes !
Bonjour,
Ma fille de 2 ans a commencer à pleurer le matin alors que je la déposais chez la nounou. Je me suis rapidement rendue compte, qu’en fait, elle était inquiete pour moi, car je repartais seule. Elle pensait que j’étais seule toute la journée et ça la rendait triste. Alors un jour de congé, je l’ai emmené sur mon lieu de travail, pour qu’elle voit mes “copines” de travail, mon bureau, et le trajet en voiture. Ca l’a rassuré tout de suite. J’ai recommencé pour ses 3 ans, et 4 ans ( mais là je crois que c’était plus un jeu pour elle, qu’une inquiétude à rassurer 🙂 )
Bonjour
Nous avons une fille de 6 ans et les séparations sont toujours difficiles. Même chez les grands parents qu’elle adore, elle ne veut pas y rester… et si elle dort une nuit sur place, c’est le retour qui est très difficile… nous la laissons que très peu mais pour les vacances scolaires c’est toujours sportif!! Nous, nous commençons à nous y faire mais que c’est difficile !!!
Chez nous c’est avec mon grand de quatre ans et demi. La séparation pour l’école est encore difficile. Nous avons mis en place des rituels qui fonctionnent bien (petit tatouage avec nos initiales au creux du poignet qu’il embrasse au besoin -je fais le même et lui dit que je lui envoie des bisous; au revoir à la fenêtre de la classe). Après c’est clair qu’on se réveille plus tôt pour prendre ce temps le matin et ne pas être en moment de stress. Merci pour ce témoignage ça me rappelle que je ne suis pas la seule ?
Bonjour à toutes & tous,
je vous recommande l’excellent livre “Maman ne me quitte pas” de Bernadette Lemoine, une psychologue fabuleuse spécialiste dans l’angoisse de séparation. J’ai eu la chance de la rencontrer à plusieurs reprises (c’est une femme de 80 ans maintenant ultra demandée) et son livre de cas concrets est super éclairant sur la question.
Cela m’a sauvée car mon fils hurlait et se mettait dans des états pas possibles à chaque séparation de 6 mois à 1 an. Sa fille Véronique a repris le flambeau. Vous pouvez lire le “Guide de survie pour les parents” de Véronique Lemoine-Cordier sur l’angoisse de séparation et de ses conséquences dans les différents domaines suivants : vie en collectivité, sommeil, alimentation, urines et selles…
Passionnant, concret, avec plein d’anecdotes.
Enfin sur le site “mieux connaître l’angoisse de séparation” vous aurez des solutions concrètes et qui fonctionnent ?
Merci beaucoup pour ces précieuses recommandations ! Très belle journée 🙂
C’est un excellent livre je le confirme! Ca nous a sauvé également. Mon fils de 3 ans et demi ne jouait jamais seul, il s’agrippait a ma jambe quand je le laissais a l’école, il ne voulait pas s’endormir seul et me suivait sans cesse comme un ombre. Quand il a commence d’avoir des accidents pipi alors qu’il était propre avant j’ai trouvé ce livre et c’était une revelation.