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La question de la “punition” : un vrai casse-tête pour les parents ! « Si tu ne ranges pas ta chambre, tu seras privé de dessert ! », « Tu as mordu ton frère ? Tu n’iras pas chez ton copain demain », « Tu n’as pas fait tes devoirs ? Privé de télé pendant une semaine ! »… Le point sur les bonnes et mauvaises pratiques en matière de punitions avec Caroline, maman d’Arthur (5,5 ans) et de Tristan (3,5 ans).
Je crois que nous avons tous (enfin moi ça m’est arrivé 🙃) donné un jour une punition arbitraire, souvent disproportionnée par rapport à la « faute », et bien sûr totalement inefficace sur le long terme (ben oui…). Souvent en désespoir de cause, après avoir tenté une formulation bienveillante (« S’il te plait, mon chou, peux-tu ranger ta chambre ? », « Non, mon amour, mordre ça fait mal »), et ne sachant pas quoi faire d’autre pour que notre enfant obéisse, ou mette un terme à un mauvais comportement. Mais existe-il une « punition » idéale, celle qui nous permettra de parvenir à nos fins, tout en ayant des vertus éducatives… Existe-t-il des punitions « positives » ? Ou faut-il au contraire les bannir totalement, quitte à laisser nos enfants repeindre au feutre les murs de la maison et taper leurs copains sans rien dire ?
Il y a quelques jours, mes fils étaient en train de jouer (sagement…) aux Legos pendant que je préparais le dîner quand, tout à coup, j’entends des hurlements à faire trembler les murs de la maison. Je me précipite dans leur chambre, et je trouve mes enfants en larmes, le grand avec le nez en sang (si si !!!).
– Il m’a mordu ! hurle celui-ci en me montrant son bras, et il m’a griffé !
– Mais lui, il a pris ma construction et il l’a cassée ! s’égosille son frère.
Cette scène m’étant plutôt familière (hum, hum), mon premier réflexe est de dire « stop ! » et de tenir les fauves éloignés l’un de l’autre en attendant que les cris et les larmes se calment un peu (être “positif” c’est aussi savoir s’affirmer en tant que parent 😉). Puis, quand le niveau sonore redevient acceptable, j’attrape le blessé, je le serre dans mes bras et je dis : « Ne t’inquiète pas, on va soigner ça, mais expliquez-moi d’abord ce qui s’est passé ».
Chacun m’expose sa version des faits et j’en déduis qu’ils sont tous les deux fautifs : l’aîné a voulu modifier quelque chose sur la construction du second, la lui a arrachée des mains, et son frère a répliqué en mordant et en griffant.
Que faire dans ce type de situation ? Envoyer chacun dans sa chambre (ou tout le monde au coin) ? Les priver de dessert ou d’histoire du soir ? Bref, les punir ? Ce n’est pas la solution que j’ai choisie cette fois-là… voilà pourquoi :
Eviter la punition “sanction”, préférer la punition “logique”
Comme toute maman « bienveillante », je rêverais de n’avoir jamais à punir mes enfants. Et parfois, oui, c’est possible, d’éduquer sans punir ! Dans cet article :
Éduquer sans punir : oui c’est possible ! Voici comment, et aussi dans celui-ci : Faut-il punir un enfant ?, nous vous expliquions pourquoi il est parfois bien plus efficace de ne pas punir notre enfant, mais de trouver une alternative bienveillante. Dans celui-ci, nous vous montrions d’ailleurs pourquoi, au final, la punition est rarement positive :
Punition positive : est-ce possible ? Comment faire ?
Brouhaha mental :
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Certains comportements de nos enfants ne sont pas acceptables, et nous avons en tant que parent besoin que certaines règles soient respectées. Pour cela s’affirmer en tant que parent, expliquer que nous avons nous aussi nos propres limites fonctionne souvent, et il y a aussi certaines punitions qui sont plus “des conséquences logiques” des actes de nos enfants qui peuvent nous être bien utiles pour faire respecter certaines règles… Mais ceci est très différent de la punition telle qu’on l’emploie généralement, qui est une punition-sanction, et qui aura dans bien des cas, pour mérite de « sanctionner » ou faire cesser un comportement par peur de la sanction, mais n’aura pas d’effet éducatif à long terme. Elle aura plutôt comme conséquence de rentrer dans une relation de “rapport de force” avec notre enfant et, quand une dispute en est l’origine, d’accentuer les rivalités dans la fratrie.
Soyons lucides. Est-ce qu’un enfant qui est privé de sortie ou de télé va se dire « maman a raison, je mérite cette punition, je dois modifier mon comportement… » ? Heu… non, il va plutôt ruminer dans son coin et se dire : « C’est pas juste ! Maman est méchante » ou « je suis nul, maman ne m’aime plus à cause de ce que j’ai fait », ou encore « c’est la faute de mon frère si je suis puni, je le déteste ! »
Si, dans mon exemple, j’avais effectivement puni mes enfants, qu’auraient-ils retenu ? Qu’il ne faut pas taper, pour avoir du dessert ? Bof… Mon but étant plutôt qu’ils apprennent à régler leurs conflits par des mots et non par la violence, ce jour-là j’ai choisi de :
– Soigner Arthur en disant (pour qu’il se sente vraiment compris) : « oh, mon pauvre amour, ça doit faire mal… »
– Puis m’adresser à Tristan : « Tu te souviens l’autre jour quand ton copain Martin t’a tapé au parc ? Tu as eu mal et tu étais furieux contre lui. C’est ce que ressent Arthur en ce moment. Je sais que si tu lui as fait mal c’est parce que toi-même tu étais très en colère, et tu as le droit aussi d’être en colère, mais dis-le lui avec des mots, ce sont les animaux qui griffent car eux, ils ne savent pas parler ! »
– Enfin j’ai rappelé à Arthur : « Si tu construis quelque chose et que je te l’arrache des mains, que penseras-tu ? », « Bah, je ne serais pas content ». « Donc la prochaine fois, que feras-tu avec Tristan ? », « Je lui demanderai la permission de modifier sa construction. »
C’est sûr que cela demande un peu plus de temps et d’énergie que de les envoyer tous les deux dans leur chambre…
Finalement, ce que j’espérais s’est produit : spontanément, Arthur s’est excusé auprès de Tristan d’avoir pris son jeu des mains, ce à quoi Tristan a répondu par un bisou. Oui, bon, ne rêvons pas, cela ne veut pas dire qu’à chaque fois que l’on gère la situation de cette manière, on obtient ce résultat, mais en tout cas on a 1000 fois plus de chances de l’obtenir qu’avec la méthode “punition” !
Bien sûr, ne soyons pas naïfs non plus, si ce jour-là nous avons réussi à trouver une issue acceptable pour tout le monde, sans punition, est-ce que pour autant mes enfants ne se disputeront plus jamais ? Ou n’auront plus jamais de mauvais comportements ? Bien sûr que non, s’il existait des enfants “parfaits” ou des adultes “parfaits”, qui ne se disputent JAMAIS, cela se saurait 😊
Qu’est ce qu’une punition à la fois bienveillante et efficace ?
Parfois, les comportements se reproduisent trop souvent, ou les explications ne suffisent pas, et pour y mettre un terme, la « sanction » nous semble pourtant nécessaire… On a beau savoir qu’il est interdit de dépasser la limite de vitesse autorisée, pourtant cela nous arrive à tous, ou presque, n’est-ce pas ? C’est la raison pour laquelle les PV existent 🙃
Avec les enfants, c’est pareil. On ne rappellera pas ici à quel point il est essentiel de leur donner des limites, notamment pour que nos besoins à nous « parent » soient aussi respectés. Mais il est tout aussi important de les aider à respecter ces limites. Arthur sait que l’on ne doit pas arracher des mains, Tristan sait que mordre est interdit, et pourtant cela leur arrive encore. Quelle serait, alors, la punition “positive” ?
Eh bien figurez-vous qu’en matière de discipline positive il existe un outil très efficace : la conséquence ! Oui, plutôt que de parler de « punition » ou de « sanction », il est préférable de penser en termes de « conséquence naturelle ou conséquence logique » des actes ou comportements de notre enfant. Ce n’est pas une simple question de vocabulaire, mais d’objectif : l’idée est de responsabiliser notre enfant et lui permettre de réparer sa faute, ou de subir la conséquence de son comportement. La conséquence est ce qui arrivera, de manière naturelle ou logique, s’il ne respecte pas la règle. Vous conduisez ivre et/ou dépassez la limite de vitesse autorisée ? Vous perdez des points sur votre permis et donc potentiellement, à terme, le droit de conduire. Logique : vous êtes dangereux pour les autres. Notre enfant sait qu’il ne doit pas dessiner sur les murs de la maison et pourtant il vient (encore…) de jouer les Picasso dans le salon ? Rangeons les feutres, et expliquons-lui que nous les ressortirons que le jour où il sera prêt à se contenter de supports appropriés. Notre fils refuse de ranger ses jouets ? Prenons une grosse caisse, fourrons-y tout ce qui traine, et disons-lui qu’il la retrouvera quand il acceptera de remettre ses affaires à leur place. Et on peut très bien les avertir de tout cela avec un ton ferme mais calme, sans velléité.
Cependant, pour que la conséquence reste bienveillante et éducative, gardons en tête qu’elle doit être ce que Jane Nelsen (auteur de La discipline positive) appelle les 4 « R ». La “bonne punition” doit être :
- Reliée au comportement : par exemple, demander à un enfant qui a renversé son assiette de nettoyer (s’il est petit il sera même ravi de le faire)
- Respectueuse de l’enfant : on exclut évidemment les conséquences humiliantes, ou culpabilisantes. Du coup, le ton que l’on emploie est essentiel : il ne sous-entend pas “tant pis pour toi”, il veut dire “c’est logique que cela se passe ainsi”…
- Raisonnable, c’est-à-dire proportionnée à la faute, et bien sûr, à l’âge de l’enfant. Un enfant de 4 ans qui « vole » un bonbon au supermarché, ce n’est pas la même chose qu’un ado qui vole des sous dans votre portefeuille…
- Révélée à l’avance, c’est-à-dire que la règle doit être connue de l’enfant. Si vous acceptez sans rechigner de perdre des points sur votre permis parce que vous avez conduit à 140 sur l’autoroute, ce n’est pas seulement parce que vous n’avez pas le choix, mais parce que vous connaissiez la règle. Pour l’enfant c’est pareil, la conséquence ne lui paraîtra pas injuste s’il savait, à l’avance, à quoi s’en tenir.
Punitions ou conséquences : 8 astuces pour ne pas se tromper
Même animés de la meilleure volonté du monde, et de la plus grande bienveillance, en tant que parents on se demande souvent si l’on n’a pas été trop durs avec notre enfant, ou au contraire trop « laxistes », si la fameuse conséquence servira à quelque chose ou si c’est peine perdue… La réponse c’est avant tout notre PROPRE bon sens, et ce qui nous semble JUSTE à nous dans la situation (et pas ce que les livres et les autres parents en pensent 😉) . Pour nous aider à y voir plus clair, voici quelques astuces :
- Aux 4 « R » développés ci-dessus, on peut ajouter celui-ci : Réparatrice. La conséquence qu’on a utilisée permettra-t-elle à notre enfant de « réparer » sa faute, sa bêtise ? C’est à la fois valorisant pour lui, et responsabilisant. Dans mon exemple, j’aurais pu demander à Arthur de réparer la construction de Tristan, et à Tristan de soigner son frère 🙂
- Avant de définir une sanction/conséquence, demandons-nous si elle sert notre objectif ? C’est-à-dire si elle permettra à notre enfant non pas d’obéir sans discuter, mais de bien grandir :-)
- Quand c’est possible, impliquons notre enfant dans la recherche d’une solution : que pourrais-tu faire pour que ton frère ne soit plus furieux contre toi ? Comment allons-nous nettoyer cette tâche de chocolat sur le canapé blanc ? Comment pourrais-tu t’organiser pour ne plus être en retard à l’école le matin ? Que peut-on faire pour que tu aies de meilleures notes en maths ?
- Définir -et expliquer- clairement les règles en amont, pour être sûr qu’elles soient bien comprises et bien interprétées. Pour les plus importantes, ou celles qui posent le plus de problèmes, on peut même les écrire tous ensemble et les afficher dans la maison.
- Eviter les menaces intenables, et toujours faire ce que l’on dit : qui n’a jamais dit ceci (ou l’équivalent) « si tu n’as pas de bonnes notes en français, nous n’irons pas au cinéma ce week-end ! », pour le regretter aussitôt après ? (ben oui, c’était LA sortie sympa de la semaine en famille…)
- Montrer l’exemple : c’est peut-être le plus difficile 🙂 Pourquoi demander à notre enfant de ranger sa chambre, si notre salon est un vrai champ de bataille ? Comment s’attendre à ce qu’il ne dise pas de gros mots, si l’on jure à longueur de journée ?
- S’interroger sur les raisons du comportement de notre enfant : s’il mord à la maison, peut-être reproduit-il ce qu’il subit à la crèche ? S’il a de mauvaises notes, peut-être a-t-il un problème de fatigue, ou d’organisation ?
- Enfin, et surtout : valoriser ses « bons » comportements ! Eh oui, on n’y pense pas toujours assez, mais si l’on passait plus de temps à valoriser les actes positifs de nos petits, et moins de temps à les gronder pour leurs bêtises, il y a fort à parier que celles-ci seraient moins fréquentes et qu’on leur donnerait envie de « bien » se comporter, non ? 😊 « Waou, je vous ai entendus tout à l’heure, vous avez réussi à trouver une solution à votre conflit sans vous disputer ! », « Bravo mon chéri, tu es prêt à l’heure pour partir à l’école ! », « J’ai remarqué que tu as été super gentil avec la petite fille, au parc, quand elle a pris ta pelle »…
Si tout cela peut aider à y voir plus clair, rien de cela ne doit être absolument appliqué à la lettre. En tant que parent, la priorité est d’apprendre petit à petit à gérer sa colères, ses propres angoisses, et quand on est “de bonne humeur” on agit naturellement avec du bon sens. A bons entendeurs… 😄
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