Voici l’expérience vécue par une maman en difficulté avec son fils aîné de 4 ans très en conflit avec elle. Elle raconte comment une psychothérapeute lui a apporté une aide concrète basée sur le constat que sa dépression post-partum avait eu des conséquences sur son lien à son fils. Un témoignage émouvant…
Voilà 4 ans et demi que mon fils est né et que notre relation est compliquée
Je suis une jeune maman qui a la trentaine, je suis mariée et j’ai deux enfants de 4 ans et 2 ans. Ma vie de maman est complexe, car mon fils aîné est très difficile à vivre au quotidien. Dès sa naissance, c’était un bébé qui pleurait énormément, il était impossible de le laisser dans un berceau ou hors des bras. En grandissant, nous avons pris de plein fouet un “terrible two” comme disent les médias avec une très forte opposition et beaucoup de disputes. Aujourd’hui, mon fils est un enfant qui râle très souvent, boude quotidiennement, veut tout et tout de suite, nous coupe la parole, teste les limites sans arrêt, pleure puis hurle et se débat à la moindre frustration. Quand je le réveille le matin, il n’est pas rare que 5 minutes après, il soit déjà en train de pleurer parce qu’il ne veut pas que maman lui brosse les dents, mais plutôt papa, ou bien, il veut que maman fasse son petit déjeuner et pas papa. On essaye d’arrondir les angles quelquefois, mais il y a des jours où on ne cède pas et c’est la crise, des crises énormes. Il est aussi tout le temps en train de me solliciter “joue avec moi, viens avec moi, regarde-moi, reste avec moi, attends-moi”, et au quotidien, je me sens harcelée.
C’est avec l’arrivée de ma fille et l’énorme différence de comportement, de pleurs, de contestations, de sollicitations ou d’opposition que m’est venue une pensée : peut-être que mon fils a un souci? Peut-être qu’il souffre de quelque chose ou qu’il a un trouble quelconque ?
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Je suis donc allée chez une psychothérapeute spécialiste de la cellule familiale pour en parler. J’avais vu sur internet différents troubles dont notamment celui de l’opposition pour lequel il faut faire un test neurologique, mais la thérapeute m’a vite arrêtée en me faisant remarquer quelque chose : mon fils est comme ça uniquement avec son père et moi. C’était un enfant modèle chez la nounou avant trois ans et ensuite, nous n’avons aucun problème à l’école ou chez les grands-parents. Elle m’a expliqué que quand un enfant a un trouble neurologique cela touche tous les domaines de sa vie, alors la psy m’a donc orientée sur la piste d’une insécurité dans le lien que nous avons avec notre fils. Elle m’a donc demandé de lui raconter notre histoire, du projet de conception à aujourd’hui.
C’est là que je lui raconte notre désir d’enfant, notre joie de la grossesse, mais un accouchement traumatique au forceps sans péridurale et ma dépression post-partum ensuite pendant 8 mois avant “d”aller mieux” grâce à une thérapie post-traumatique.
Dépression post-partum : Le syndrôme de la “mère-morte”
C’est là que la psy m’a dit en souriant “des familles comme vous, j’en ai déjà vu plein et j’en ai déjà aidé plusieurs”. J’ai senti la chaleur de l’espoir renaître en moi. Elle m’a expliqué que les dépressions post-partum, quand elles sont assez sévères, entraînent une perte de goût pour la vie chez la maman, un état dépressif, une profonde tristesse, parfois un mutisme ou une altérité. Or, l’enfant dans le ventre a connu pendant 9 mois sa maman, avec une certaine joie de vivre, une personnalité et un tempérament. Une fois né, l’enfant dont la mère est en dépression post-partum ne la reconnaît plus. C’est le « syndrome de la mère morte » : une expérience que peut traverser un bébé lorsque sa mère, même si elle est présente et bien vivante, est subitement trop triste pour s’intéresser de façon pleine à son enfant, et ce, même si elle est là et proche dans l’espace. Il peut arriver que l’enfant cherche alors à la réanimer, la réveiller, souvent par des pleurs incessants. Et en grandissant, il n’est pas rare que ces enfants cherchent l’interaction perpétuelle avec leur mère et leur père par le conflit : ils préfèrent être punis, remarqués, interpellés et grondés sans arrêt par leurs parents plutôt que de risquer de perdre l’attention de ceux qui l’aiment une seconde fois.
Une solution pour réparer le lien avec son enfants suite à une dépression post-partum
Alors, très vite dans l’entretien, je lui pose la question qui me brûle les lèvres : “Mais comment on fait pour réparer cela?”. Elle m’explique avec douceur qu’il faut recommencer la séparation de l’accouchement pour reprogrammer l’enfant. Puis, amusée face à mon étonnement, elle explique : “On approfondira et adaptera dans les séances suivantes le protocole exact, mais il faudra prendre plusieurs jours seule avec votre fils et refaire fusion avec lui : qu’il n’ait que votre attention H24. Puis, on refera progressivement une séparation en douceur, accompagnée d’explications et de mots à poser sur ce que vous avez vécu”. Elle m’explique ensuite “c’est quand votre enfant se sentira en sécurité au fond de lui que cela s’arrangera”.
J’ai donc pris des jours de congés et je suis allée à l’hôtel avec mon fils. Pas de repas à cuisiner ou de linge à ranger, j’ai été avec lui et pour lui pendant 7 jours. 7 jours où nous avons joué, fait des balades, dormi ensemble, et où je lui ai raconté son histoire, la mienne aussi, ma dépression…etc. Le moment le plus fort a été quand, suite au récit de ma dépression, il m’a dit du haut de ses 4 ans : “Ben maman, je ne m’en rappelle pas…mais quand tu me racontes ça, mon coeur me dit qu’il a eu mal”. Allez savoir ce qu’il a voulu dire…
Je continue le suivi avec cette thérapeute car j’ai envie que la relation avec mon fils continue de s’améliorer, mais nous sommes beaucoup plus apaisés depuis cette expérience.
Si la relation que vous avez avec votre enfant est difficile et que vous avez fait une dépression post-partum, cela pourrait-être une piste à creuser : questionner si cette dépression a pu causer une insécurité chez votre enfant, le poussant à être en conflit permanent avec vous pour garder votre attention et, quelque part, votre amour. Je vous souhaite la même chance que j’ai eu.
Une jeune maman de 2 enfants de 4 et 2 ans
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Merci pour ce témoignage très riche et éclairant