Les douces violences, vous connaissez ? Vous savez, ces petites phrases ou ces petits gestes d’agacement presqu’anodins qu’on peut faire sans penser à mal. On n’y fait d’ailleurs pas vraiment attention, parce qu’”il n’y a rien de méchant”, et qu’on a parfois (voire souvent) grandi avec étant enfant…
“À cause de toi, on est toujours en retard !” “Mais qu’est-ce que tu m’énerves.” Ou dire à une copine devant notre enfant “Je n’sais pas ce qu’il a en ce moment, mais il est insupportable !” . Bref, on pourrait croire qu’elles ne sont pas si méchantes que ça… Mon amie Caroline, mère de Sid, 16 ans, Noah 10 ans et Isis 7 ans nous raconte son vécu et comment elle a réussi à les sortir de son quotidien.
Au programme de cet article :
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Vous avez dit Douce Violence ?
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En fait, quand j’ai commencé à m’intéresser à ce concept de “douce violence”, j’avoue que j’ai un peu pris froid dans le dos ! Et oui, nombre de mes réflexes de maman ne me paraissent pas vraiment reluisants ! Et pourtant, cela fait quelques années déjà que je me suis mise en route vers une parentalité positive, avec la ferme intention d’élever mes enfants de manière bienveillante et respectueuse…
L’objectif n’est pas de culpabiliser (même si franchement, je ne sais pas encore faire sans ), mais déjà de reconnaître ces petits pics déplacés !
En fait, il s’agit de se rendre compte de comment on s’adresse à notre enfant, quels gestes on a envers lui, qu’est-ce qu’on lui fait ressentir. Parce que se voir faire, c’est un premier pas pour pouvoir changer (déprogrammer en quelques sortes) nos comportements !
Comme un “silence assourdissant”, une douce violence est un oxymore, deux termes qui s’opposent et qui n’ont à priori rien à faire ensemble. Peut-être ne connaissiez-vous pas ce terme, et pourtant ces petits gestes ou paroles parsèment souvent notre quotidien. Il ne s’agit pas ici de violences physiques comme une fessée, une claque, une crise de colère ou autre châtiment corporel, ni de violences psychologiques. (Voir aussi notre article sur les violences éducatives ordinaires.)
Quelle différence entre douce violence et VEO ?Bien sûr, dans un cas comme dans l’autre, le parent n’a en général pas l’intention de nuire. Dans le cas des violences éducatives ordinaires, punies par la loi du 10 juillet 2019, le parent utilise des moyens, considérés comme des violences physiques ou psychologiques, pour arriver à des fins éducatives. Il a la volonté de contraindre l’enfant “pour son bien”. En ce qui concerne les douces violences, le parent ne se rend pas compte que son comportement peut blesser l’enfant. Par exemple, il utilise un surnom ‘adorable’ que l’enfant déteste, se moque, ou fait une promesse sans la tenir, etc. C’est plus la répétition que l’acte qui crée la violence. |
Il s’agit en fait de petits actes que l’on peut penser anodins, mais qui, à force de répétition, peuvent construire chez notre enfant une insécurité affective. Il n’y a pas vraiment chez l’adulte une volonté d’être méchant, de gronder ou de faire du mal… Voici quelques clés pour les reconnaître.
Reconnaître les Douces Violences, des “petites” phrases ou gestes pas si anodins
En fait, pour reconnaître les douces violences, c’est simple : essayons d’imaginer cette même situation avec un adulte (un·e ami·e, un·e employé·e ou un·e supérieur·e). Cela serait-il accepté ? Si la réponse est NON, bingo ! Vous êtes à la bonne (enfin du coup la mauvaise adresse)… Voici quelques exemples :
Obliger un enfant à manger ou dormir, etc.
“Allez, finis ton assiette !”
Qui n’a pas insisté un peu pour que Loulou avale une cuillère de soupe, ou lui interdire de manger seul pour éviter qu’il n’en mette partout ? En fait, si nous voulons apprendre à notre enfant qu’il est seul maître de son corps, le forcer à faire contre son gré peut être ressenti comme une violation de son intégrité physique ! En le forçant à avaler à manger, à faire un bisou s’il n’en a pas envie ou à dormir alors qu’il n’en ressent pas le besoin, on fait malgré nous et sans penser à mal une “douce violence”.
Faire du chantage ou manipuler
Vous savez le fameux si… “si tu ne finis pas ton plat, tu seras privé de dessert !”. Ou encore bouder parce que notre enfant n’a pas voulu faire ce que nous avions décidé… En fait, nous mettons dans la balance notre amour contre son obéissance. C’est une sorte d’amour conditionnel “Si tu fais ce que je veux, je t’aime. Sinon…” On imagine la violence ressentie si notre chéri·e nous lançait cet ultimatum.
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Avoir des paroles dévalorisantes
“À cause de toi, on est toujours en retard !”
“Qu’est-ce que tu m’agaces !”…
Vous les reconnaissez ? Ces petites phrases qui débordent de nos lèvres quand on est dans le speed du matin (dites-moi que oui, sinon, je vais encore plus me croire une affreuse maman !!!) On peut dire simplement “Loulou, si tu ne mets pas tes chaussures, on va être en retard et ça m’agace parce que je n’aime pas être en retard”… (voir aussi les clés pour une communication non violente). On sent toute la nuance entre le TU qui prend l’autre dans son entier et le QUAND TU FAIS ÇA qui permet de modifier le comportement problématique…
Prendre un enfant sans son consentement
On imagine la scène : la mère agacée qui attrape son petit de 2 ans sous le bras en disant “Allez, ça suffit ! Au bain maintenant !”. Ou le papa (ben oui, chacun son tour quand même ) qui attrape le poignet pour sortir l’enfant du bac à sable… Prenons deux minutes : et si notre boss nous attrapait par la chemise pour nous sortir de réunion parce qu’on a dit une bêtise (si grosse soit-elle…). En route pour le service RH et ce ne sera que chose normale, non ?
Humilier l’enfant ou nier l’émotion
Les moqueries, l’ironie, les petites phrases qui sous un air d’humour tendent à rabaisser ou nier “Alors là, bravo ! Tu as encore fait pleurer ta sœur !” (allez, une pincée de culpabilisation pour la route ). “Ah oui, c’est toujours comme ça avec elle, qu’est-ce qu’elle est maladroite ! Un vrai Pierre Richard !”. D’ailleurs, lorsque l’on parle (en mal) de notre enfant à quelqu’un sans faire attention au fait qu’il entend, cela constitue également un comportement agressif. On imagine la violence si on entend notre collègue en train de médire de nous à la pause café, alors que nous sommes juste à côté, et qu’il sait en plus que l’on est juste à côté !
Comparer les enfants
“Ton frère lit tellement mieux, tu devrais prendre exemple !”
“Regarde ta sœur comme elle est polie !”
Si vous avez eu des frères et sœurs, vous savez sans doute à quel point il peut être blessant d’être comparé. L’un est bon, l’autre mauvais. Certains pensent qu’un peu de compétition peut permettre de se dépasser, mais si cela vient de la personne la plus importante de notre vie, le parent, et que régulièrement, il trouve votre frère mieux que vous, il y a fort à parier qu’on ressente plus de tristesse, ce sentiment d’être “moins aimé” que de motivation. En plus, pour faire de nos enfants une équipe, mieux vaut privilégier l’entraide que la comparaison !
Mettre une étiquette
“Tu es lent / gentil / casse-pied”… C’est vrai que sur le sujet, nous avons souvent l’embarras du choix. Mais le problème des étiquettes, positives ou négatives, c’est que l’enfant finit par s’y identifier. Et ça peut devenir une croyance limitante (“Même mes parents disent que je suis nulle en français, donc à quoi bon?”) !
Quand Noah avait 4-5 ans, c’était devenu un fait acquis dans la famille qu’il était lent ! Il prenait son temps, il rêvait… Et en moyenne section de maternelle, j’ai souvent eu l’occasion d’en parler avec sa maîtresse qui faisait le même constat “Bah, Noah… Il faut le temps !”. Mais un jour, en parlant avec lui, il m’a dit “Tu sais, c’est normal Maman, je ne suis pas un rapide !” Il avait parfaitement intégré cet état de fait, puisque tout le monde semblait d’accord ! Du coup, petit à petit, avec l’aide de l’institutrice, des grands-parents, nous avons déconstruit patiemment cette étiquette. “Ce n’est pas qu’il est lent, il n’a juste pas encore fini !” Et de célébrer toutes les réussites qui soulignaient le contraire. Bref, si on nous colle une étiquette, on finit par se plier en quatre pour y coller.
Punir ou pratiquer l’isolement
La punition, le coin, le “file dans ta chambre”… On les connaît bien et parfois, à bout, même si on n’y croit pas fondamentalement, on peut finir par y recourir parce qu’on n’a pas d’autre idée ! Mais si la punition était utile ou efficace dans le développement de l’enfant, ça se saurait non ? Bien sûr, cela ne signifie pas qu’on ne puisse pas dire à notre bambin “Tu cris beaucoup, et j’ai besoin de calme, va ta chambre comme ça tu pourras le faire sans déranger les autres”.
Les Douces Violences, un héritage souvent transmis
Sans vouloir nous trouver des excuses, je pense que le monde a beaucoup évolué, ce qui explique que nous parents, nous apprenions chaque jour à faire différemment du modèle que nous avons eu. Et ce n’est pas chose facile !
Personnellement, j’ai grandi avec des parents plutôt bienveillants et à l’écoute. Ce qui ne m’empêche pas de me rappeler de quelques punitions (un tour au coin ou privée de télé)….
Mais comme beaucoup, la compréhension de l’enfant, les usages n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Et mes parents eux-mêmes ont grandi élevés par des parents pour qui le bonnet d’âne et les coups de règles étaient considérés comme des éléments normaux d’éducation… Et avant eux, le martinet, les privations, etc.
Bref, de génération en génération, nous apprenons à considérer l’enfant comme un être à part entière méritant le respect, l’attention, l’écoute et la bienveillance. Petit à petit, les neurosciences, la compréhension de la sécurité affective ou encore la théorie de l’attachement font évoluer les mœurs et ce que la société considère comme acceptable.
Apprendre à sortir de ces douces violences
L’idée, encore une fois, n’est pas de se culpabiliser ou de donner la sensation que l’on est un mauvais parent ! Au contraire, si vous lisez ces lignes, c’est sûrement que vous avez envie de vous améliorer… Bien sûr, ce n’est pas toujours facile parce que nous sommes simplement HUMAINS, et que OUI, parfois, on est fatigué, stressé, à bout… et qu’on crie parce que c’est, souvent, ce que l’on a appris…
Pour autant, on peut en sortir petit à petit, en mettant en place des petits pas dans notre quotidien ! D’ailleurs, c’est dans cette idée que Charlotte a créé le Cool Boost… Un moment collectif où l’on prend un peu de notre (précieux) temps pour se poser, rigoler en regardant ses vidéos, échanger avec les autres cool parents (c’est bon de se sentir moins seul), et mettre en place concrètement des petits pas pour nous aider à devenir un meilleur parent ! Pour découvrir le Cool Boost, c’est par ici
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