Ce texte d’une lettre d’un père à son fils a été publié pour la première fois dans les années 1920. Il y a 100 ans déjà, bien avant que l’on parle de pédagogie positive ou de communication bienveillante, un père remettait son modèle éducatif en question grâce à la force de son amour. Combien sommes-nous, père ou mère, à nous reconnaître dans ces mots si poignants, dans ces élans si vifs ?
Voici le texte original intitulé “Father forgets” (un père, ça oublie !) publié dans un éditorial du “People’s Home Journal”, puis en 1936 dans le magazine « The Reader’s Digest»
” Écoute-moi, mon fils.
Tandis que je te parle, tu dors la joue dans ta menotte et tes boucles blondes collées sur ton front moite. Je me suis glissé seul dans ta chambre.
Tout à l’heure, tandis que je lisais mon journal dans le bureau, j’ai été envahi par une vague de remords. Et, me sentant coupable, je suis venu à ton chevet.
Et voilà à quoi je pensais mon fils : je me suis fâché contre toi aujourd’hui.
Ce matin, tandis que tu te préparais pour l’école, je t’ai grondé parce que tu te contentais de passer la serviette humide sur le bout de ton nez ;
je t’ai réprimandé parce que tes chaussures n’étaient pas cirées ;
j’ai crié quand tu as jeté tes jouets par terre.
Pendant le petit-déjeuner, je t’ai encore rappelé à l’ordre :
tu renversais le lait ;
tu avalais les bouchées sans mastiquer ;
tu mettais les coudes sur la table ;
tu étalais trop de beurre sur ton pain.
Et quand, au moment de partir, tu t’es retourné en agitant la main et tu m’as dit: « Au revoir, papa ! », je t’ai répondu en fronçant les sourcils : « Tiens-toi droit ! ».
Le soir, même chanson.
En revenant de mon travail, je t’ai guetté sur la route.
Tu jouais aux billes, à genoux dans la poussière ; tu avais déchiré ton pantalon.
Je t’ai humilié en face de tes camarades, en te faisant marcher devant moi jusqu’à la maison…
« Les pantalons coûtent cher ! Si tu devais les payer , tu serais sans doute plus soigneux ! »
Tu te rends compte, mon fils ? De la part d’un père !
Te souviens-tu ensuite ?
Tu t’es glissé timidement, l’air malheureux dans mon bureau, pendant que je travaillais.
J’ai levé les yeux et je t’ai demandé avec impatience : « Qu’est-ce que tu veux ? »
Tu n’as rien répondu, mais, dans un élan irrésistible, tu as couru vers moi et tu t’es jeté à mon cou, en me serrant avec cette tendresse touchante que Dieu a fait fleurir en ton cœur et que ma froideur même ne peut flétrir…
Et puis, tu t’es enfui, et j’ai entendu tes petits pieds courant dans l’escalier.
Eh bien ! Mon fils, c’est alors que le livre m’a glissé des mains et qu’une terrible crainte m’a saisi.
Voilà ce qu’avait fait de moi la manie des critiques et des reproches : un père grondeur !
Je te punissais de n’être qu’un enfant.
Ce n’est pas que je manquais de tendresse, mais j’attendais trop de ta jeunesse.
Je te mesurais à l’aune de mes propres années.
Et pourtant, il y a tant d’amour et de générosité dans ton âme.
Ton petit cœur est vaste comme l’aurore qui monte derrière les collines.
Je n’en veux pour témoignage que ton élan spontané pour venir me souhaiter bonsoir.
Plus rien d’autre ne compte maintenant, mon fils. Je suis venu à ton chevet, dans l’obscurité et je me suis agenouillé là, plein de honte.
C’est une piètre réparation ; je sais que tu ne comprendrais pas toutes ces choses si tu pouvais les entendre.
Mais, demain, tu verras, je serai un vrai papa ; je deviendrai ton ami, je rirai quand tu riras, je pleurerai quand tu pleureras.
Et , si l’envie de te gronder me reprend, je me mordrai la langue, je ne cesserai de me répéter, comme une litanie : « Ce n’est qu’un garçon… un tout petit garçon ! »
J’ai eu tort. Je t’ai traité comme un homme.
Maintenant que je te contemple dans ton petit lit, las et abandonné, je vois bien que tu n’es qu’un bébé.
Hier encore tu étais dans les bras de ta mère, la tête sur son épaule…
J’ai trop exigé de toi… Beaucoup trop. ”
William Livingstone Larned
Si vous voulez que je vous partage (gratuitement bien sûr) mes pensées, réflexions et astuces dans un dossier spécial “éducation positive”, laissez-nous simplement votre email ci-dessous et retrouvez-le dans votre boite mail illico. Plus de coopération en criant moins, ça fait du bien .
Déposer / Voir les commentaires
Je ne suis pas du genre sensible, émotive mais cette lettre m’a fait verser quelques larmes. J’ai toujours dit que je ne serai pas comme ma mère qui m’a donné une éducation stricte, sévère et qui me faisait dire que j’avais peur d’elle. Parfois je me rends compte que je suis comme elle et je n’aime pas. Je demande trop à mes enfants tandis qu’ils sont encore des bébés (4 ans (jeune enfant) et 33 mois).
J’essaye de m’améliorer chaque jour et essaye de leur dire et montrer mon amour et de passer du temps avec eux.
Merci pour cette lettre qui nous rappelle nos propres erreurs…Nos enfants ne sont que des êtres purs et fragiles qui ne connaissent que l innocence dans tout ce qu’ils font..C est vrai que c est à nous de nous mettre à leur niveau pour pouvoir partager leurs émotions , leurs expériences et mieux les comprendre…Grâce à ce texte , je vais réfléchir à deux fois avant de les gronder pour rien parfois…Merci j adore votre site, vos news letters et tous vos bons conseils qui nous aident à devenir de bons parents sereins et calmes.
C’est un texte vraiment bien écrit, très émouvant. C’est tellement vrai tout ce qui est écrit. Les enfants ont une vraie joie de vivre les instants présents et j’essaye d’en profiter un maximum avec mon fils.
Magnifique!
Avoir un sentiment de culpabilité quand les enfants se sont trop fait gronder, quand ils n’ont pas eu toute notre attention quand ils nous la demandaient, quand on a manqué de patience envers eux et leurs maladresses et bêtises d’enfant, est déjà un bon début pour une prise de conscience et un changement d’attitude.
Aujourd’hui, devenue mamie, je me dis que je suis là pour mes petits-enfants quand justement les parents manquent de temps et de patience, voir les choses d’un oeil extérieur est fort différent .
Comme je l’ai lu au moment de la naissance de notre première petite-fille, on devrait pouvoir être grands-parents avant d’être parents, les choses seraient différentes !
tellement vrai et touchant je me reconnais tellement
Je me reconnais tellement dans les remords de ce papa, j’oublie tellement de fois que ma fille n’est qu’une « petite » fille..
C’est tellement vrai tout ce qui est écrit, que cela ne peut que nous toucher nous parents en plein coeur. Nous ne disons pas assez”je t’aime” à nos enfants. Nous les grondons, les punissons, et reproduisons le schéma parental que nous ont montré nos propres parents.
Mes enfants je vous aime et je ne cesserais de vous aimez.
Tout à fait d’accord ! Il faut dire à nos enfants qu’on les aime 🙂
Excellent texte et très touchant. Ça nous permet de remettre les choses à leurs places.
Merci encore du partage.
Hyper touchant!!
ça me met une vraie claque car je suis exactement pareil…
Un très beau texte qui me rappelle que je culpabilise souvent de vouloir aller vite, de vouloir un peu de temps à moi alors que le petit est demandeur. C’est dur de culpabiliser mais on ne peut pas renier nos besoins. J’ai eu les larmes aux yeux.
Merci
Comme beaucoup d’autres lecteurs, je suis extrêmement touchée par ce texte. Je vous remercie infiniment de prendre soin de nous en partageant ce texte, et tous vos articles.
Evidemment, nous ne serons jamais parfaits, mais nous pouvons prendre un peu de recul sur nos réflexes pressés et exigeants. MERCI.
Merci pour votre message 🙂
Un beau texte mais très contestable à mon avis sur le fond… Elever un enfant ce n’est pas “rire quand il rit et pleure quand il pleure” ! Un enfant a besoin de parents qui ne soient pas eux-mêmes des enfants!
Merci pour ce beau partage j’ai les larmes aux yeux
Très belle lettre, sincère et émouvante…
C est un très beau texte, mais je pense qu il faut arrêter de culpabiliser , nous faisons de notre mieux au quotidien, les jours ne se ressemblent pas et nous avons tous des jours avec de la patience et de l écoute pour nos enfants et d autres non. Nous sommes dans une génération ou nous prenons quand même le temps avec nos enfants pour les écouter et les éveiller par rapport à ma génération c est à dire il y a 40 ans ou nous suivions nos parents et pas le contraire . Effectivement prenons conscience des joies et des bons moments à partager avec nos enfants mais arrêtons de culpabiliser nous ne serons jamais parfait 🙂
Quel beau texte…….. j’ai eu les larmes aux yeux.
Moi aussi j’ai souvent culpabilisé de me fâcher, d’etre Fatiguée, de ne pas profité…..
Merci pour le partage de ce texte’ très émouvant
Je suis extrêmement touchée par ces mots. Combien de fois me suis-je trouvée au chevet de ma fille, honteuse des reproches et réprimandes que je lui avais adressés pendant la journée. Il m’en a fallu du temps pour apprendre à être une meilleure maman. Et il m’en faudra encore plus pour faire la paix avec ces souvenirs douloureux. C’est vrai, nos enfants sont des soleils radieux dont le cœur nous inonde d’amour inconditionnel. Je souhaite continuer à m’éveiller en sa compagnie délicieuse et chaque jour, apprendre à devenir une meilleure maman. Je souhaite pouvoir lui donner une vraie attention et que mon amour pour elle s’incarne dans mes actes et mes paroles. Merci pour ce partage.