Le mois d’or, vous connaissez ? Perso, je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à mon troisième enfant. Et pour avoir vécu mon post-partum avec et sans, je n’ai pu que constater tout ce que ça avait changé pour moi, pour ma reprise d’activité, pour le lien avec mon bébé et pour mon entourage. Voici quelques grandes lignes et pistes de réflexion pour bien vivre cette période de transition (de non-mère à mère) et d’accueil du bébé.
Le mois d’or, qu’est-ce que c’est ?
Le mois d’or, ou cette période de 40 jours après l’accouchement nous vient de Chine. Elle signifie “s’asseoir un mois”. C’est une invitation à prendre soin de la femme qui vient d’accoucher et à lui offrir l’espace de repos et de disponibilité pleine et entière à son bébé. Cette tradition s’observe d’ailleurs dans de nombreux pays où la jeune mère est honorée, dorlotée, pour qu’elle puisse pleinement se reposer et créer le lien d’attachement avec son nourrisson. Cette durée est symbolique d’une période de transition, le début d’un nouveau chapitre. Cette référence se retrouve d’ailleurs dans les récits bibliques avec la période du carême.
En Chine, quel que soit le niveau social, les femmes prennent ce temps de repos : c’est l’entourage qui s’emploie à subvenir à tous les besoins quotidiens : repas, ménage, gestion des autres enfants, etc. Et si les proches ne sont pas disponibles, on n’hésite pas à employer quelqu’un. C’est un peu perçu comme un investissement sur l’avenir : plus la femme se repose, plus rapidement elle pourra être en forme et à nouveau active. Et pour avoir vécu une vraie chute d’hormone après mes allaitements, à la limite de la dépression post-partum, je ne peux que valider cette théorie.
Les grands principes du mois d’or
Voici les grandes lignes telles que présentées dans le livre “Le mois d’or : Prendre soin de soi et de votre bébé après l’accouchement” qui a largement participé à expliquer et implanter le concept en France.
Un mois pour se retrouver soi et pour rencontrer bébé
9 mois avant, 9 mois après.
La révolution industrielle et le féminisme nous ont fait croire que nous, les femmes, devions rester productives malgré ce “petit” détail : celui d’avoir conçu et mis au monde un enfant !!! On voudrait retrouver un corps tonique dans les canons de beauté, un job stimulant, une vie active… Si on prend le temps d’y réfléchir, il a fallu 9 mois à notre corps pour préparer cet enfant. Laissons-lui le temps de retrouver sa place.
Et laissons-nous aussi le temps de rencontrer cet enfant ! Baigné de l’ocytocine de l’accouchement, tout notre corps est prêt à créer ce lien d’attachement si précieux pour la construction de la sécurité affective de notre enfant. Et si bébé est né par césarienne, comme ça a été le cas pour mes premiers accouchements, ce shoot d’hormones naturelles est moindre et l’ocytocine (hormone de l’amour) produite peut être détruite par l’adrénaline (hormone du stress), ce qui fait que l’attachement peut prendre un peu plus de temps !
Essayons de ne pas culpabiliser (je sais de quoi je parle !! 😉). Laissons-nous simplement le temps matériel d’aller à la rencontre de ce petit être. Oui, certaines mères aiment inconditionnellement leur enfant avant même la mise au monde. Mais ce n’est pas systématique, c’est pour ça qu’on parle de TISSER un lien. On a trop vite tendance à s’autojuger comme “mauvaise mère” si on ne ressent pas cet élan initial.
Rester couchée au maximum
Bien sûr, rien n’est gravé dans le marbre et chacun·e fait comme il/elle veut et comme il/elle peut ! L’idée, c’est de RALENTIR : peut-être, simplement être assis quand on est debout, être couché quand on est assis.
Si on imagine qu’un placenta fait 50 à 60 cm, vous imaginez la taille de la cicatrice à l’intérieur ? Si une personne présentait la moitié de cette séquelle à vif, pense-t-on vraiment qu’on attendrait d’elle qu’elle sourie pour les photos ? Donc, aussi pressées que nous soyons de « retrouver notre vie » (si tant est qu’elle existe encore puisqu’une nouvelle donnée de taille a fait son entrée 😉), laissons-nous le temps d’un repos.
Notons aussi que l’horizontalité favorise la préservation du périnée. Avant 6 semaines post-partum, le corps n’a pas encore évacué toutes les hormones permettant aux tissus d’enfanter. Les tissus sont mous et ne peuvent simplement pas encore être restimulés, au risque de créer des problèmes pour la suite (fuite urinaire, descente d’organes…)
Brouhaha mental :
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En faire le moins possible
On évite toutes les dépenses d’énergie parasite.
Par exemple, si ça ne nous fait pas kiffer, exit les défilés d’invités pour faire la photo avec bébé, les heures à préparer le thé et les gâteaux pour que les collègues viennent faire gouzi-gouzi… et la vaisselle quand ils repartent.
C’est important d’en discuter avec le conjoint afin qu’ils soient le garant de cette décision, car n’oublions pas qu’en pleine chute d’hormone, ce n’est pas à la maman de faire barrage et de s’imposer face à un entourage parfois (lourdement) insistant.
S’entourer de bonnes étoiles
Pouvoir rester alité 40 jours demande de l’organisation : quid des repas, des lessives, de la gestion des autres enfants, du ménage, etc. Si nous avons la chance d’avoir une famille disponible et respectueuse, tant mieux. Mais personnellement, ma famille est loin et j’ai eu la chance de pouvoir être soutenue par quelques amies (dont certaines se sont vraiment révélées à cette occasion). Donc, si nous ne sommes pas naturellement entourées, n’hésitons pas à en parler à notre doula, sage-femme, amies, mamans d’école… On est parfois surpris de découvrir que l’aide ne vient pas toujours de là où on l’attendait.
Bien s’alimenter
L’alimentation est notre première médecine. Ici, l’idée est de pouvoir reconstituer rapidement des réserves d’énergie avec des aliments faciles à manger et à digérer… Donc, privilégions les bouillons (riches) et autres soupes plutôt que la bonne vieille blanquette des familles (sauf si ça nous fait plaisir). Si nécessaire, on peut remplir le congélateur de bons petits plats congelés et faciles à consommer.
En cette période de chamboulement émotionnel intense, pensons aussi aux compléments alimentaires (oméga 3, magnésium, vitamines, fruits secs, etc.). Une amie m’a concocté un petit pot de pâte de lait d’or qui m’a également été d’un grand secours.
Cadeaux de naissance : et si on revoyait nos priorités ?
Parce qu’une maman disponible vaut tous les doudous du monde ! Ce petit être tout neuf a-t-il vraiment besoin d’une flopée de bodys, d’une armada de trotteurs, de hordes de doudous ? Et si on suggérait plutôt à l’entourage d’apporter leur pierre à ce tête-à-tête : quelques heures de ménage, un bon petit plat livré avec la vaisselle emportée, une balade au parc avec les autres enfants… Finalement, se donner les moyens d’aller bien et de récupérer au mieux, n’est-ce pas le plus beau cadeau à faire à notre enfant ?
Prendre soin du corps (pour recentrer l’esprit 😉)
Dans de nombreuses traditions, on retrouve dans le post-partum un lien fort entre femmes, un espace de sororité, de partage et de soutien, que nous avons souvent perdu dans nos sociétés occidentales. Pendant ces 40 jours du mois d’or, certaines de mes amies ont mis en place une ceinture de serrage ou belly binding sur le bas ventre pour soutenir l’utérus. Le serrage du bassin peut se pratiquer rapidement après l’accouchement et dans un deuxième temps, un rituel rebozo permettra de venir acter cette transition, ce passage…
Ce que le mois d’or a changé pour moi !
Bien sûr, chaque grossesse, chaque accouchement, chaque enfant est différent. Mais en ce qui me concerne, bien qu’active et chef d’entreprise, j’ai vécu cette troisième grossesse comme celle de la maturité !
J’ai osé discuter avec mon conjoint de ce que nous voulions et de la manière dont nous avions envie d’intégrer nos enfants dans l’accueil de ce nouveau membre de la famille.
J’ai osé m’affirmer face au corps médical, choisir une doula, formuler un projet de naissance qui nous permette de vivre cet accouchement à notre manière. Bien sûr, tout ne s’est pas passé comme prévu, mais l’ouverture créée par cet investissement et cette réflexion m’ont aussi permis d’accueillir l’imprévu.
Enfin, en préparant ce mois d’or, nous avons revu nos priorités : ce qui était important physiquement, moralement pour accueillir cet enfant. Nous avons installé un espace cosy, un mini salon réservé à notre famille où les enfants pouvaient venir passer un moment avec moi et leur petite sœur…
Alors que j’avais vécu des baisses d’hormones terribles et des périodes d’épuisement pour mes premiers enfants, j’ai finalement retrouvé la pêche beaucoup plus vite. Alors, je ne peux que conseiller de se faire confiance, de s’offrir cet espace-temps comme une bulle, une parenthèse… et d’offrir cette ouverture (voire cette autorisation) aux jeunes mères et aux futures mères de notre entourage.
Caroline, Cool maman de Noa, 11 ans et Isis, 8 ans
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