(un texte de Lise.S Maman de deux enfants)
Cela fait une semaine que les enfants ont fait leur rentrée et que nous avons repris le travail. Au calme chez moi, avant d’aller les chercher à l’école, je me remémore un moment des vacances qui m’a donné un déclic.
Je vous refais le tableau : On est dans la voiture qui n’a pas de climatisation, il fait 32 degrés dehors. Nous sommes coincés dans les bouchons de chassés-croisés pour tenter de rentrer chez nous. Nous étions une semaine dans le sud de la France. J’avais envie de faire de belles photos de la mer, des enfants qui jouent dans le sable, de notre location insolite.
“Les vacances à la mer, ça, c’est de vraies vacances !” avais-je pensé. Maintenant que nous sommes en train de fondre, que l’heure de manger arrive à toute allure quand la voiture ne bouge pas d’un pouce, que les enfants se disputent à l’arrière et que mes oreilles sont perdues entre les pleurs, mon mari qui râle sur le trafic lent et le même album d’Aldebert depuis 2h, je me dis que c’était de la folie. Avec deux enfants de 5 et 3 ans, aller à la mer quand on habite à 6h de route, ce ne sont pas des vacances, c’est un pari ! bougonnais-je…
Je cale des compotes dans leur bec, embraye sur un album de musique plus calme, vaporise de l’eau sur le visage des enfants, demande à mon mari de tenir bon lui aussi et profite de la minute de silence qui en découle pour respirer. Une seule pensée se pointe dans mon cerveau ramolli par tant de fatigue et d’inconfort : Pourquoi est-ce que je me suis imposé cela ? Pourquoi est-ce que quand j’ai pensé aux vacances, j’ai directement cherché la mer et la montagne, comme si c’étaient les seules destinations qui me faisaient rêver sur le moment ? Mais ce qui me fait rêver à cet instant, ça serait deux enfants libres de bouger, d’être au frais, d’être en paix avec mon mari et tout ça loin d’Aldebert ! Au diable les jolies photos du bleu azur !
C’est juste que sur le moment, je n’ai pas écouté mes besoins de simplicité, de praticité et de calme. J’ai eu envie de faire beau, de faire grand, “Mes enfants à moi, je les emmènerais au bout du monde !” pensais-je. Mais que nenni ma belle ! T’as même pas la clim !…
Une fois le périple passé, les valises défaites, les tensions apaisées, j’y ai réfléchi un peu plus et nous avons discuté avec mon mari. Échaudés par tant de galère, nous n’avions pas envie de repartir le lendemain pour la dernière semaine de vacances à la montagne comme prévu.
Brouhaha mental :
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Finalement, c’était quoi les vacances dont nous avions envie ? Si on avait une envie là, ça serait laquelle ? Nous voulions des vacances au ralenti, comparées à notre course quotidienne. Nous avions envie de repos de notre boulot ET de notre rôle de parents aussi. Nous avions besoin d’allègement de notre to-do list et des contraintes. Nos enfants aussi avaient besoin de calme, de rythme et de repères (3 nuits de suite à calmer la petite dans le sud parce qu’elle avait peur de la chambre de la location…).
Alors, on s’est dit qu’on pouvait tenter quelque chose que nous n’avons jamais fait : peut-être que c’était OK si pour une année, avec l’âge de nos enfants et vu nos besoins, on restait à la maison. Est-ce que cela ferait de nous des parents nuls ? Est-ce que ça ne plongerait pas nos enfants dans un ennui total ? À part la mer et la montagne, qu’est-ce que l’on pouvait trouver pour satisfaire tout le monde ? Mon mari et moi avons lancé tour à tour nos idées : Eh bien, si nous ne partons plus, nous pouvons réutiliser le budget des vacances pour louer des jeux de société à la ludothèque ? Mais carrément ! On peut même acheter le trampoline qu’on a vu sur Leboncoin ! Ou bien le filet de ping-pong pour la table du salon, parce que je crois qu’il va pleuvoir toute la semaine… Oh ! Mais on peut demander à la baby-sitter de les garder mercredi soir pour aller au ciné ! Ou au resto ! Et puis attends, y avait pas une petite forêt à 25 minutes de la maison ? Tiens, ça ne serait pas l’occasion de ressortir tous les jouets pour les trier ? Ou pour repeindre la chambre des enfants ! Ils pourraient choisir la couleur…
C’est ainsi que nous avons décidé d’annuler notre dernière semaine de vacances prévue à la montagne à 4h de route… Nous sommes restés à la maison et nous avons passé du temps ensemble autrement.
Je n’ai pas fait de superbes photos de paysage, mais une jolie photo de ma fille pleine de peinture. Je n’ai pas pris l’air de la montagne, mais je n’ai pas non plus suffoqué avec la logistique ou les trajets. Je n’ai pas fait la petite rando où on voit des marmottes, mais j’ai vu le film du comte de Monte-Cristo avec mon mari. Je n’ai pas coché la case “Vac à la montagne” avec mes enfants, mais j’ai coché celle de “faire des petits sablés en forme d’étoile” avec mes enfants. Je n’ai pas gagné le trophée des vacances les plus stylées, mais j’ai gagné contre mon mari au ping-pong. Enfin, je n’ai pas montré le Mont Blanc à mes enfants, mais j’ai toute une vie pour le faire. Et pour la petite surprise, nous avons décidé avec mon mari de nous accorder chaque année, et ce, dès cette année, une semaine en solo ! Sans enfant et sans conjoint ! Une semaine de kiff où l’autre parent gérera pendant ce temps (aide bonus des grand-parents autorisée à volonté) pour que l’autre puisse décompresser du taf de parent. J’ai donc décidé d’aller une semaine au ski début décembre avec ma meilleure amie et mon mari penche plutôt pour une semaine de jeux vidéo chez son frère en janvier. Comme mes enfants ont déjà été quelques jours chez les grands-parents une fois, je sais qu’après cette semaine de break avec ma meilleure amie, je reviendrai avec une énergie de dingue pour m’occuper d’eux, beaucoup de zénitude, et un amour fou, car ils m’auront aussi manqué. Alors, je me dis qu’il n’y a pas de règles, il n’y a pas de devoir, il n’y a pas de convention. On a le droit de libérer nos vacances de la grille “valise/déplacements/logistique/galères/paysages et jolies photos” si cela ne nous convient pas.
Peut-être qu’il y a un âge plus propice à cela pour mes enfants, peut-être qu’il y a des familles pour lesquelles ça fonctionne nickel. Peut-être… en attendant, la forêt à côté de la maison, ben, on a découvert qu’elle avait des framboises 😉
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